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QUELQUES DATES

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1558 Elizabeth I reine d’Angleterre † 1603

1594 Henri IV roi de France † 1610

1572 William Cecil ministre des finances † 1598

1573 Francis Walsingham maître des espions † 1590

1585 Henry Carey Lord Chambellan † juillet 1596

1554 Walter Raleigh favori d’Elizabeth I jusqu’en 1592 † 1618

1565 Robert Devereux, Comte d’Essex, favori d’Elizabeth I jusqu’en 1601 † 1601

Janvier 1595 Henri IV déclare la guerre à l’Espagne

Mars-mai 1595 le maréchal de Biron reprend la Bourgogne aux Ligueurs

Juin 1596 Victoire d’Henri IV contre les Espagnols et la Ligue à Fontaine-Française

Avril 1596 Walter Raleigh s’empare de Trinidad

À partir de 1595 affrontements entre le comte de Fuentes nouveau gouverneur général des

Pays-Bas espagnols et Henri IV (Calais et Amiens) et s’achève par la paix de Vervins en 1598

Février 1594 Lyon chasse les Ligueurs et se rallie à Henri IV

Septembre 1595 entrée d’Henri IV à Lyon

1591 Charles de Casaulx exerce sa dictature sur Marseille 1596

Février 1596 Marseille se rallie à Henri IV

1567 Thomas Nashe † 1601 ?

1576 Elizabeth Carey † 1635

1553 John Florio † 1625

1560 Thomas Hariot † 1621

1550 (circa) Joachim Gans † ?

1553 Gabriel Harvey † 1631

1564 William Shakespeare † 1616

1564 Christopher Marlowe † 1593

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SITUATION HISTORIQUE

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Les deux romans se déroulent à la fin du seizième siècle ; à Londres, s'achève alors la révolution intellectuelle qui tenta progressivement d'échapper à l'étouffement de la scolastique médiévale. Consciemment ce mouvement s'appuya sur un retour à l'Antiquité grecque, latine et hébraïque. Jusqu'à l'intérieur de l'Église, l'autorité cessait d'être le privilège des faiseurs de dogmes. Savants et théologiens insistèrent sur l'importance de lire et confronter les textes fondateurs des sciences et des religions.

Le latin, langue de la Vulgate (nom donné à la traduction du Nouveau et de l'Ancien Testament que fit Jérôme, Père et Docteur de l'Église, à la fin du quatrième siècle) fut, pendant tout le Moyen Âge, la langue de communication de l'Europe. Le latin tenait alors le rôle de l'anglais aujourd'hui.

Pour les idées comme pour l'art, ce fut l'Italie qui initia le retour à la Grèce. L'université de Padoue, où dès 1446 fut fondé un English College, fut à l'origine du développement de la langue d'Aristote à Oxford. Une chaire de grec y fut créée dès les dernières années du quatorzième siècle.

L'influence du linguiste allemand, Johannes Reuchlin (1455-1522), excellent linguiste et exégète, remit en mémoire les origines hébraïques du christianisme. Certains réalisèrent même que Jésus était juif. Le Juif n'en resta pas moins l'ennemi privilégié.

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Il faut retenir quelques noms parmi ceux qui initièrent une nouvelle approche du savoir en s'appuyant sur l'observation et la raisonnement. Copernic (1473-1543) remit la terre à sa place, ses calculs, publiés quelques jours avant sa mort pour éviter une condamnation de l'Inquisition ouvrirent la voie aux travaux de Galilée (1564-1642). Le tribunal de l'Inquisition força ce dernier à démentir la rotation de la terre sur elle-même ainsi que l'elipse qu'elle décrit autour du soleil, une hérésie à la fois contre Aristote et, dirent-ils, contre la Bible. L'Anglais Thomas Harriot (1560-1621), brillant mathématicien, le Français Jean Bodin (1529-1596), économiste, historien et avocat sont loués par Gabriel Harvey ; sans avoir apporté de tels bouleversements dans l'approche du monde, ils témoignent l'un et l'autre d'une originalité et d'une rigueur de pensée qui devenaient de plus en plus courantes chez les savants. Des tentatives dans ce sens, comme celle de Roger Bacon, avaient existé dans les siècles précédents, mais trop isolées, avaient été étouffées.

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La conduite de trop nombreux membres du clergé auxquels on pouvait reprocher luxe et luxure, une désinvolte inattention aux plus faibles et dans de trop nombreux cas une fondamentale ignorance, suscitèrent indignation et demande de réforme. Habituée à un pouvoir absolu l'Église ne sut pas réagir. La Réforme, que ce soit sous les traits du protestantisme luthérien ou plus tard calviniste, divisa l'Europe. Comme toute idéologie, la religion étant un excellent conditionnement à la violence, le sang coula. La France ne s'honora guère que ce soit avec la tuerie de la Saint Barthélemy ou la guerre de la Ligue. La religion fut prétexte à de cruels massacres. Le fanatisme catholique de Philippe II, roi d'Espagne dévasta l'Europe. Les protestants ne furent pas les seuls à le considérer comme le représentant du Diable sur terre.

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En plus des violences entre chrétiens, il fallait encore subir l'appétit de conquête des Turcs. Leur puissance était telle que, si aujourd'hui on confond arabes et musulmans, turc était le mot générique pour musulman. La Croatie resta sous occupation turque jusqu'en 1599. Pas plus qu'en 1588, la victoire anglaise sur son Armada n'avait calmé le bellicisme de Philippe II, sa défaite à Lépante en 1571 ne convainquit la Sublime Porte de renoncer à ses campagnes européennes. Difficile pour un conquérant de se poser des limites.

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Depuis 1492, le monde s'était élargi. Le Nouveau Monde bouleversait les mentalités beaucoup plus que ne le fait aujourd'hui la conquête de la Lune. Marins, marchands, soldats, tentaient l'aventure d'une longue et difficile traversée pour s'approprier les richesses de ces terres. Peu eurent pour leurs habitants le respect et l'estime que manifeste Thomas Harriot dans A Brief and True Report of the New Found Land of Virginia, le respect que Thomas Harriot eut pour les autochtones des pays découverts et envahis, d'autres l'eurent pour les femmes. Erasme (1469-1536) et son ami anglais Thomas More (1478-1535) réclament et expliquent l'importance de donner une éducation aux filles comme aux garçons. L'espagnol Vives (1492-1540) publie en 1529 un traité sur l'éducation des filles, Mulcaster professeur à Cambridge en publiera un en 1581.

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L'Eglise Anglicane fit des efforts en ce sens. Si les jeunes filles de la Cour ne fréquentaient pas les universités, elles recevaient une excellente éducation. La Reine parlait huit langues. La comtesse de Pembroke, soeœur de Philip Sidney, était connue pour son savoir. Dans les cercles proches du pouvoir, connaissances et culture étaient jugées indispensables.

Sur le plan historique, les œoeuvres d'Harvey et de Nashe, celles d'Harriot aussi sont riches d'enseignement sur le monde européen d'alors. On y réalise le rôle important d'Henri de Navarre, la dimension des échanges littéraires. Gabriel Harvey, grand admirateur de Guillaume Saluste du Bartas (1544-1590) salue la traduction de son oeuvre par Jacques VI d'Ecosse, le futur Jacques I d'Angleterre. J'ai été trop peu enthousiasmée par les quelques pages en français de La Semaine ou La Création du Monde pour avoir tenté de chercher la traduction royale.

L'Académie des Anes

Anne Forest

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