


EXTRAIT
•Introduction à la 1ère scène (Sylvie, voix off)
Après un séjour forcé dans les eaux glauques de la Tamise suite à une tentative de meurtre, l'écrivain Thomas Nashe frappe à la porte de sir George Carey, son ancien protecteur, dans l'espoir de rencontrer sa fille Elizabeth Carey. Margaret, la nourrice d'Elizabeth lui ouvre.
•1ère scène
Margaret : Fab
La nourrice d’Elizabeth, assez maternelle, mais néanmoins un peu méfiante vis-à-vis de Thomas Nashe
Thomas Nashe : Luc
Assez penaud de se présenter chez les Carey après être tombé dans la tamise
Elizabeth Carey : Audrey
Jeune fille noble, intelligente et énergique, elle aime sans doute Thomas.
Margaret - Ah c'est vous, master Nashe !
Thomas Nashe - Bonjour, Margaret.
M - Que vous est-il arrivé, master Nashe ? Vous avez l'air tout chiffonné, on dirait que vous n'avez pas passé la nuit dans un lit.
T - J'ai fait une chute dans la Tamise pour repêcher mon chapeau. Puis-je entrer ?
M - Venez avec moi, un peu de vin chaud ?
T - Volontiers, vous êtes un ange, Margaret.
M - Expliquez-moi plus en détail ce qui vous est arrivé.
T - Comme je vous lai dit, une baignade forcée et complète dans la Tamise.
M - Je comprends mieux l'odeur ! venez, je vais vous trouver des vêtements propres. un des cochers doit avoir à peu près la même taille que vous.
T - Merci, Margaret. vous croyez que je peux voir mistress Elizabeth ?
M - Vous me paraissez bien téméraire, master Nashe, vous la verrez dès quelle sera prête.
Ils sortent tous les deux
(Sylvie, voix off) Après avoir revêtu la tenue du cocher, Thomas rencontre Elizabeth
Thomas entre avec Élisabeth (discussion commencée voix off)
Elizabeth - Oui, je crois que vous avez raison, toutes ces morts ne sont pas une coïncidence, je n'arrivais pas à y croire moi-même. Mais, avec la peste, les choses étaient devenues tellement compliquées. À la cour aussi, j'ai l'impression que l'atmosphère n'est plus la même. Depuis la disgrâce de sir Walter Raleigh, la mort de lord Strange et l'exécution de Roderigo Lopez, il y a de plus en plus de petits groupes qui parlent à voix basse et se taisent dès qu'on approche. Kemp lui-même, notre cher comique, n'arrive plus à faire rire ! En tout cas, il est plus prudent de ne pas mettre mes parents au courant de votre présence ici. Je crois qu'il vaut mieux que vous vous fassiez oublier tant que nous ne savons pas d'où partent les coups. Si l'on vous croit mort, l'instigateur de cet assassinat manqué va peut-être se trahir. Je vais essayer d'en savoir plus.
T - Ne prenez aucun risque pour moi, Elizabeth, je ne suis qu'un pauvre rimailleur à la bourse plate !
E - Quels que soient nos ennemis, ils ne s'attaqueront pas à la petite-fille du lord chambellan !
Noir
•Introduction à la 2ème scène(Fab, voix off)
Se sachant menacé de mort, Thomas Nashe, contraint de se déguiser en servante pour échapper à ses agresseurs, se réfugie chez Sara Lopez, veuve de Roderigo Lopez. Celle-ci, mue par le désir de connaitre l'assassin de son mari, apporte son aide à Thomas Nashe, alias Déborah, pour décrypter les écrits de Roderigo.
•2ème scène
Sara Lopez : Sylvie
Veuve de Roderigo Lopez, décidée à aider Thomas à retrouver l'assassin de son mari
Thomas Nashe : Luc
Il est hébergé par Sara pour éviter ses agresseurs, et décidé lui aussi à percer l'énigme
Les deux personnages sont assez fébriles au fur et à mesure qu'ils avancent dans leurs recherches
Sara - Je n'ai pas beaucoup dormi cette nuit. J'ai beaucoup réfléchi. Je crois que j'ai trouvé par où commencer : en janvier, juste avant son arrestation, Roderigo avait réussi à brûler la plupart de ses papiers, à la fois dans le logement qu'il occupait à la cour et dans notre maison de Mountjoy. Il en avait aussi caché un certain nombre ici, chez mon frère. À Mountjoy, quand les envoyés du Conseil privé sont venus l'arrêter, ils ont trouvé la cheminée encore fumante avec des restes de papiers calcinés. Ils étaient furieux mais, certains que tous les documents qui pouvaient les intéresser étaient détruits, ils n'ont pas fouillé ici.
Thomas - Il reste donc des documents. Les avez-vous trouvés ?
S - Ils sont toujours ici ! Roderigo m'en a parlé une seule fois à la Tour, où nous n'étions jamais seuls. Il a réussi à m'indiquer qu'il les avait dissimulés dans la pièce où nous sommes actuellement. Après sa mort, j'ai immédiatement cherché et les ai trouvés sans peine. Il y a des livres et un document de sa main que je ne comprends pas. Il est en lettres latines, mais me paraît codé. Roderigo ne m'a pas donné d'indice. Je ne sais ni le sujet de ce document ni le code utilisé.
T - Il ne vous a vraiment rien dit d'autre qui puisse nous mettre sur la voie ?
Sara réfléchit un instant puis hésite à poursuivre.
S - Si, le jour où il ma parlé de la cache, nous avons été interrompus par le retour du gardien et sa dernière phrase était bizarre. Il a dit quelque chose à propos des ânes. À la façon dont il ma regardée, je sais que c'était important. Attendez que je me rappelle exactement ; on dirait une énigme. Il ma dit : « Ayez courage, les ânes ne manqueront pas de s'abreuver. » Ce qui suivit est encore plus étrange : « À la belle porte italienne. » Non : « À la fine porte italienne. » Comme vous êtes un des ânes, peut-être savez-vous de quoi il peut s'agir ?
Thomas la regarde avec perplexité avec une moue dubitative.
T - La solution se trouve sans doute dans les papiers que Roderigo a cachés ici. Me permettez-vous d'y avoir accès ?
S - Je vais vous les montrer. Prenez connaissance de tout ce qui est ici. Je veillerai à ce que personne ne vous dérange.
Noir
•Introduction à la 3ème scène (Fab, voix off)
Dans leur quête de la vérité à propos des meurtres qui frappent leurs amis, Thomas Nashe qui a pu quitter son déguisement féminin et Thomas Harriot se rendent à Waltham afin d'y rencontrer Richard Baines. En chemin, Nashe profite de l'occasion pour questionner Thomas Harriot à propos du nouveau monde car son ami a participé à une expédition qui a séjourné en Virginie.
•3ème scène
Thomas Nashe : Luc
Admiratif et respectueux vis à vis de son ainé Th Harriot
Thomas Harriot : Pierre
Homme d'expérience qui a bien bourlingué, il apprécie beaucoup Thomas Nashe et ses écrits
Les 2 hommes sont attablés dans une auberge autour dune bière
Thomas Nashe - Qu'y a-t-il d'autre là bas, à part le tabac que nous sommes nombreux à utiliser ?
Thomas Harriot - Il y a, par exemple, de nombreuses sortes de noix. Elles sont abondantes et permettraient d'extraire une huile de qualité pour toutes sortes d'usages, si des moulins étaient construits au Nouveau Monde.
TN - Vous parlez aussi de tubercules nouveaux, aussi appétissants et nourrissants que nos carottes, artichauts de Jérusalem et betteraves ?
TH - es indigènes les nomment openavk. Ces tubercules poussent sous terre et sont reliés entre eux par des sortes de filaments blancs. Rôtis ou bouillis, ils ont un goût extraordinaire et tiennent bien au ventre. J'en ai rapporté et planté dans le domaine de Walter Raleigh à Youghal, en Irlande. Les récoltes semblent prometteuses ! J'ai donné quelques-uns de ces tubercules à d'autres amis. John Gerard en a cultivé avec succès, Gabriel Harvey aussi, et certains de nos paysans commencent à en produire.
TN - Peut-être que ce tubercule sera un jour aussi souvent dans nos assiettes que carottes et topinambours ! Et les animaux ? Vous parlez de volailles, de poissons
TH - Les poissons ressemblent à peu près aux nôtres. Les indigènes les attrapent en bord de mer avec de grandes piques, et non avec des filets, comme nous le faisons.
TN - Ces indigènes, les Pomsuiks, nous ressemblent-ils ? Votre admiration pour eux apparaît clairement dans votre livre.
TH - Pour eux, le passé de l'homme n'est pas limité à six mille ans, comme certains croient le lire dans la Bible. Elle ne dit d'ailleurs pas une telle absurdité, quand on la lit avec tant soit peu d'esprit critique.
TN - On sait très bien que, selon les Psaumes, « un jour est comme mille ans » !
TH - D'ailleurs, d'après le premier chapitre du livre de la Genèse, nous sommes peut-être encore dans le septième jour, celui du repos de Dieu !
TN - Thomas, les trois premiers mots hébreux de la Genèse vous hantent, on vous voit souvent les écrire.
TH - Nous reparlerons de ce problème auquel, c'est vrai, je réfléchis souvent, mais vous évoquez des préadamites, dans Pierce aux bourses plates, en prétendant, comme d'habitude, critiquer l'idée. Vous me visiez, d'ailleurs !
TN - Marlowe était convaincu que toute l'humanité ne descendait pas d'Adam, il en parlait ouvertement. Ce fut peut-être une des raisons de son assassinat.
TH - Giordano Bruno pensait de même ! Pour lui, faire remonter la création du monde à six mille ans est absurde, il parle de races antérieures à Adam dans L'Expulsion de la bête triomphante. Une raison de plus pour que l'Inquisition le persécute ! Nous suscitons méfiance, et même haine, pour oser mentionner ce genre de débat sur l'origine de l'homme, au point que nos vies sont menacées. Je me demande s'il y a un traître parmi nous.
L'Académie des Anes



Anne Forest